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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/477

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DE WILHELM MEISTER. 473

ils arrivèrent enfin devant une grande et vieille porte munie d’une solide ferrure. Jarno heurta ; la porte s’entr’ouvrit tout juste assez pour qu’un homme pût se glisser dans l’intérieur. Jarno poussa Wilhelm dans la tour sans le suivre. Notre ami se trouva dans un lieu étroit et sombre. Il était dans les ténèbres, et, s’il voulait faire un pas en avant, il se sentait arrêté. Une voix, qui ne lui était pas tout à fait inconnue, lui cria Entrez

Alors il s’aperçut que les côtés de l’espace dans lequel il se trouvait n’étaient fermés que par des tapisseries, à travers lesquelles une faible lueur pénétrait.

« Entrez x répéta la même voix.

Il souleva la tapisserie et il entra.

La salle dans laquelle il avait passé semblait être une ancienne chapelle à la place de l’autel, se trouvait une grande table, élevée sur une estrade et couverte d’un tapis vert au delà, un rideau tiré semblait cacher un tableau ; sur les côtés, régnaient des armoires d’un beau travail fermées par un léger treillis de fil d’archal, comme on en voit dans les bibliothèques ; seulement, au lieu de livres, il vit sur les rayons, de nombreux rouleaux. II n’apercevait personne dans la salle ; le soleil levant brillait devant lui, à travers les vitraux coloriés, et lui faisait un gracieux accueil.

« Assieds-toi ! cria une voix, qui paraisssait sortir de l’autel.

Wilhelm s’assit sur un petit fauteuil adossé à l’entrée. Il n’y avait pas d’autre siège dans toute la salle il fut obligé de s’y placer, bien que le soleil l’éblouît. Le fauteuil était fixé au parquet Wilhelm ne put que mettre sa main devant ses yeux. Le rideau placé derrière l’autel s’ouvrit avec un léger frôlement, et laissa voir, dans un cadre, une ouverture vide et sombre. Il y parut un homme en habits ordinaires, qui le salua et lui dit

« Me reconnaissez-vous peut-être ? Parmi tant de choses que vous désirez savoir, souhaitez-vous d’apprendre où se trouve maintenant la collection de votre grand-père ? Ne vous souvient-il plus du tableau que vous trouviez si ravissant ? Où peut languir, à cette heure, le prince malade d’amour ? »