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LIVRE HUITIÈME.

CHAPITRE I.

Félix avait couru au jardin ; Wilhelm le suivait avec ravissement une belle matinée présentait chaque objet avec de nouveaux charmes et notre ami jouissait de ce moment avec une joie pure. La libre et magnifique nature était pour Félix un spectacle nouveau ; et son père ne connaissait pas beaucoup mieux les objets sur lesquels l’enfant ne se lassait pas de le questionner. Ils s’approchèrent enfin du jardinier, qui leur indiqua les noms et l’usage de diverses plantes. Wilhelm voyait la nature par un nouvel organe, et la curiosité de l’enfant lui faisait sentir quel faible intérêt il avait pris lui-même jusqu’alors aux objets extérieurs, combien il savait et connaissait peu de chose. Dans ce jour, le plus heureux de sa vie, sa propre éducation semblait ne faire que commencer il sentait la nécessité de s’instruire, parce qu’il était appelé à enseigner. Jarno et l’abbé n’avaient pas reparu de tout le jour. Le soir, ils revinrent suivis d’un étranger. Wilheim courut à lui avec surprise ; il n’en croyait pas ses yeux c’était Werner, qui, de son côté, hésita un moment a le reconnaître. Ils s’embrassèrent tendrement, et ils ne purent caclier que, de part et d’autre, ils se trouvaient changés. Werner soutenait que son ami était devenu plus grand, plus fort, plus droit, mieux tourné, avec des manières plus agréables.

t Je regrette, ajouta-t-il, qu’il ait perdu quelque chose de son ancienne cordialité.