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526 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

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l’issue des événements, vous raconter quelque chose de la tour, contre laquelle vous paraissez nourrir une grande méiiance. Comme il vous plaira, si vous voulez essayer, malgré ma distraction. Mon esprit est occupé de tant de choses, que j’ignore si je pourrai donner à ces beaux récits toute l’attention qu’ils méritent.

Les agréables dispositions où vous êtes, repartit Jarno, ne me détourneront pas de vous éclairer sur ce point. Vous me jugez un habile personnage je vous apprendrai à me tenir aussi pour un homme d’honneur, et, qui plus est, je suis chargé cette fois.

Je voudrais bien, reprit Wilhelm, vous entendre parler de votre propre mouvement et avec la bonne intention de m’éclairer. Mais, comme je ne puis vous entendre sans méfiance, que me sert-il de vous écouter ?

Si je n’ai rien de mieux à faire maintenant que de conter des fables, vous avez bien aussi le loisir d’y prêter quelque attention. Peut-être y serez-vous mieux disposé, si je commence par vous dire tout ce que vous avez vu dans la tour n’est proprement que le débris d’une tentative de jeunesse, que la plupart des initiés firent. d’abord très-sérieusement, et dont ils ne font que sourire aujourd’hui, lorsqu’il leur arrive d’y songer. Ainsi donc ces symboles, ces discours imposants, ne sont qu’un jeu ! s’écria Wilhelm. On nous conduit solennellement dans un lieu qui nous inspire du respect ; on fait passer devant nos yeux les visions les plus étranges ; on nous donne des parchemins pleins de maximes excellentes, mystérieuses, dont nous ne comprenons, à la vérité, que la moindre partie ; on nous révèle que nous avons été jusque-la des apprentis ; on nous congédie. et nous sommes aussi sages qu’auparavant. N’avez-vous pas cet écrit sous la main ? dit Jarno. Il renferme beaucoup de bonnes choses car ces maximes générales n’ont pas été prises en l’air elles ne paraissent obscures et vides qu’a celui chez qui elles ne réveillent le souvenir d’aucune expérience. Prêtez-moi cette ~c~’<)’ si vous l’avez a votre portée.

Tout a fait répliqua Wilheim. Jl faudrait porter toujours sur son cœur une si précieuse amulette.