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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/532

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528 I.ns A~X~ES D’APPREXTISSAGE

voulûmes vuir par nos yeux, et nous créer des archives particulières de notre expérience. Telle est l’origine des nombreuses confessions que nous avons écrites nous-mêmes ou que d’autres ont rédigées a notre instigation, et dont furent ensuite composées les ann6M~’app)-<’) !/M.M~. Tous les hommes ne s’occupent pas de leur perfectionnement moral ; un grand nombre ne demande autre chose qu’une recette pour arriver au bien-être, à < ]a richesse et à toute espèce de jouissances. Tous ces gens-là, qui ne voulaient pas marcher par eux-mêmes, nous savions les arrêter ou nous en délivrer avec des mystifications et des simagrées. Nous ne donnions, à notre façon, des lettres d’apprentissage qu’à ceux qui sentaient vivement et reconnaissaient clairement pourquoi ils étaient nés, et qui s’étaient assez exercés pour suivre leur sentier avec quelque allégresse et quelque facilité.

Vous vous êtes Lien pressés avec moi, repartit Wilhelm, car, depuis ce moment, je sais moins que jamais ce que je puis, ce que je veux ou dois faire.

Nous sommes tombés dans cet embarras sans qu’il y ait de notre faute. La bonne fortune pourra nous en tirer en attendant, écoutez « Celui chez lequel il y a beaucoup de choses « à développer s’éclaire plus tard sur lui-même et sur le monde. Peu de personnes sont à la fois capables de méditer et d’agir. « La méditation agrandit, mais elle paralyse ; l’action vivifie, « mais elle restreint. »

Je vous en supplie, ne me lisez plus de ces sentences bizarres. Ces phrases ne m’ont que trop embrouillé l’esprit. Je m’en tiendrai donc au récit, poursuivit Jarno en roulant à moitié le manuscrit, sur lequel il ne faisait que jeter les yeux par intervalles. J’ai rendu moi-même fort peu de services aux hommes et à notre société ; je suis un très-mauvais instituteur il m’est insupportable de voir quelqu’un faire des tentatives malheureuses. Quand un homme s’égare, il faut que je le crie aussitôt à ses oreilles, fût-ce même un somnambule, que je verrais en danger et sur le point de se rompre le cou. Là-dessus j’étais toujours aux prises avec l’abbé, qui soutient que l’erreur ne se peut guérir que par l’erreur. Nous avons aussi disputé souvent à votre sujet. Il vous avait pris en singulière