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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/574

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570 LES ANNEES D’APPRENTISSAGE

CHAPITRE X.

L’abbé cessa de lire personne ne l’avait écouté sans verser des larmes. La comtesse avait tenu constamment son mouchoir sur ses yeux enfin elle se leva et sortit avec Nathalie. Le reste de la compagnie gardait le silence ; l’abbé reprit la parole et dit

« Il s’agit de savoir maintenant si nous devons laisser partir le marquis sans lui découvrir notre secret. Car on ne peut douter un moment qu’Augustin et notre joueur de harpe ne soient la même personne. Voyons ce que nous devons faire, aussi bien pour cet homme infortuné que pour sa famille. Mon avis serait de ne rien précipiter, d’attendre les nouvelles que va ’nous.apporter le docteur, »

Tout le monde trouva que c’était le parti le plus sage et l’abbé continua.

Une autre question, qui exige peut-être une solution plus prompte, se présente en même temps. Le marquis est infiniment touché de l’accueil que sa pauvre nièce a trouvé parmi nous, surtout auprès de notre jeune ami. Je lui ai raconté en détail toute l’histoire ; j’ai dû même la lui répéter, et il témoignait la plus vive reconnaissance. Ce jeune homme disait-il, a a refusé de voyager avec moi, avant de savoir le lien qui nous unit désormais je ne suis plus pour lui un étranger, « dont il ne pouvait connaître l’humeur et les habitudes ; je suis son allié, ou, si vous le voulez, son parent ; et son tils, « qu’il ne voulait pas quitter qui auparavant aurait pu l’empêcher de se joindre à moi, doit devenir maintenant le < doux lien qui nous unira plus étroitement l’un à l’autre. Après tout ce qu’il a fait pour moi, qu’il veuille encore m’être utile dans ce voyage ; qu’il m’accompagne ensuite en Italie.