Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/123

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ner Wilhelm d’assister à cette conversation, s’applique, avec plus de force encore, au cas actuel. Nos amis ont pris en main un roman, Qt, s’il est déjà devenu çà et là par trop didactique, nous jugeons prudent de ne pas mettre nos bienveillants lecteurs à une nouvelle épreuve. Ces manuscrits que nous avons dans les mains, nous songeons à les faire imprimer dans une autre occasion, et nous rentrons cette fois, sans autre détour, dans la narration, impatients que nous sommes nous-mêmes de voir enfin résolue l’énigme qu’on nous propose.

Cependant nous ne pouvons nous tenir de citer encore quelques paroles, qui furent prononcées avant que la noble société se séparât pour chercher le repos.

Wilhelm, après avoir prêté à la lecture une oreille attentive, dit, avec une entière franchise :

  • Je trouve chez votre auteur des dons naturels, des facultés et des talents remarquables, mais aussi, dans l’application, plus d’une difficulté. Si je devais me résumer là-dessus, je m’écrierais :De grandes pensées et un cœur pur, voilà ce que nos prières devraient demander à Dieu ! »

La société se sépara, en approuvant ces sages paroles : mais l’astronome promit à Wilhelm de lui faire contempler à souhait, dans cette nuit, d’une sérénité admirable, les merveilles du ciel étoilé.

Quelques heures plus tard, il fit monter à son hôte l’escalier de l’observatoire, et ils se trouvèrent enfin sur la plate-forme circulaire d’une haute tour. La nuit la plus pure, avec toutes ses étoiles scintillantes, environnait le spectateur, qui croyait contempler pour la première fois la voûte céleste dans toute sa magnificence : c’est que, dans la vie ordinaire, sans parler de la température défavorable, qui nous dérobe le pur éclat de l’espace éthéré, nous sommes gênés, dans la ville, par les pignons et les toitures, dans les champs, par les rochers et les bois, mais principalement, et en tout lieu, parles secrètes inquiétudes du cœur, qui, plus que les nuages et le mauvais temps, s’agitent en tout sens, pour assombrir l’espace qui nous environne.

Dans sa surprise et son saisissement, il porta la main sur ses yeux. L’immensité cesse d’être sublime, elle surpasse notre intelligence, elle menace de nous anéantir.