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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/13

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— Un fruit, et, si l’on en juge par les écailles, c’est une sorte de pomme de pin.

— Il n’en a pas l’air : il est rond !

— Nous consulterons le garde forestier. Ces gens-là connaissent toutes les plantes et les fruits de la forêt : ils savent semer, planter et soigner les arbres, et puis ils les laissent croître et grandir comme ils peuvent.

— Les gardes forestiers savent tout. Hier notre guide m’a montré qu’un cerf avait traversé la route : il m’a rappelé en arrière, et m’a fait remarquer ce qu’il appelle la voie ; j’avais passé par-dessus sans y prendre garde, mais j’ai vu distinctement l’empreinte des pieds. Ce devait être un grand cerf !

— J’ai entendu comme tu questionnais le guide.

— Il sait beaucoup de choses, et pourtant il n’est pas garde forestier. Mais moi, je veux l’être. C’est si beau de passer tout le jour dans les bois, et d’entendre chanter les oiseaux, de savoir leurs noms, les endroits où ils font leurs nids, comment on déniche les œufs ou les petits, comment on les nourrit, et quand on prend les pères et mères. Oh ! que cela est amusant ! »

Nos voyageurs en étaient là, quand un objet remarquable s’offrit à leur vue. Deux jeunes garçons, beaux comme le jour, descendaient la route escarpée ; vêtus de jaquettes bariolées, qui avaient plutôt l’air de tuniques retroussées, ils descendaient, en sautant l’un après l’autre, et Wilhelm put les observer de près, comme ils s’arrêtaient, saisis de surprise à sa vue. À l’aspect de l’aîné, le regard se portait d’abord sur sa belle chevelure blonde ; puis il était captivé par ses yeux d’un bleu céleste, et se plaisait enfin à contempler sa taille élégante. L’autre avait plutôt l’air d’un ami que d’un frère : des cheveux bruns et lisses flottaient sur ses épaules, et leur éclat semblait se refléter dans ses beaux yeux.

Wilhelm n’eut pas le loisir de considérer attentivement ces deux remarquables figures, objet tout à fait inattendu dans ce lieu sauvage, parce qu’il entendit, derrière la saillie du rocher, une voix d’homme, qui venait d’en haut et criait d’un ton grave, mais affectueux :

« Pourquoi vous arrêter ? Ne nous fermez pas le passage. »

Wilhelm leva les yeux de ce côté, et, si les enfants avaient