Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/162

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de respect résulte le respect suprême, le respect de soi, et, de celui-ci, découlent, à leur tour, les autres ; en sorte que l’homme s’élève au plus haut point où il est capable d’atteindre ; qu’il peut se considérer lui-même comme le plus parfait ouvrage que Dieu et la nature aient produit ; qu’il peut même demeurer à ce point d’élévation, sans retomber dans un état vulgaire par l’égoïsme et la vanité.

— Une pareille profession de foi, répondit Wilhelm, développée comme vous venez de le faire, ne me surprend point ; elle s’accorde avec tout ce qu’on entend çà et là dans le monde ; seulement vous unissez ce que les autres hommes séparent. »

Les Trois répondirent :

« Cette doctrine est déjà professée, mais à leur insu, par une grande partie des hommes.

— Comment donc ? Où trouvez-vous cela ?

— Dans le Credo, car le premier article est ethnique, et appartient à tous les peuples ; le deuxième est chrétien, il est pour ceux qui luttent avec la douleur et qui sont glorifiés par elle ; le troisième enfin enseigne une divine communion des saints, c’est-à-dire des hommes les meilleurs et les plus sages. Les trois personnes divines, sous l’emblème et le nom desquelles sont exprimés ces dogmes et ces promesses, ne devraient-elles pas être considérées comme la plus sublime unité ?

— Je vous remercie, dit Wilhelm, de vouloir bien m’exposer ces choses avec tant de suite et de clarté, comme à un homme fait, auquel les trois sentiments ne sont pas étrangers ; et, quand je viens à réfléchir que vous communiquez cette haute doctrine aux enfants, d’abord sous la forme d’un signe visible, puis avec quelques harmonies symboliques, et qu’enfin vous leur en expliquez la suprême signification, je ne puis que vous approuver hautement.

— Vous nous comprenez à merveille, répondirent-ils ; cependant il faut vous en dire davantage encore, afin de vous persuader que votre fils est en bonnes mains. Mais réservons cela pour les heures de la matinée : prenez du repos, afin de pouvoir nous suivre domain matin au sanctuaire, d’un cœur joyeux et avec une parfaite bienveillance. »