cette énigme, qui semblait ne plus tenir qu’à un scrupule, serait bientôt éclaircie et résolue.
Par malheur, la tranquillité n’était qu’apparente. La baronne attendait de jour en jour, mais inutilement, un changement de volonté chez sa fille, qui donnait à entendre, rarement, il est vrai, et avec modestie, mais sans balancer, qu’elle persistait dans sa résolution, avec la fermeté d’une personne qui est arrivée à une pleine conviction, et ne s’inquiète plus de savoir si le monde qui l’entoure l’approuve ou la condamne. Le major était fort combattu : il se serait senti blessé, si Hilarie se fût décidée pour son fils ; cependant, si elle se décidait pour luimême, il était également persuadé qu’il devait refuser sa main.
Plaignons cet excellent homme, que ces inquiétudes, ces tourments, assiégeaient sans cesse, pareils à une vapeur flottante, qui tantôt se présentait comme un fond de tableau, sur lequel se dessinaient les réalités et les occupations pressantes de chaque jour, tantôt se rapprochait et couvrait d’un voile toute la situation présente. Telles étaient les fluctuations auxquelles son âme était en proie, et, si les devoirs du jour lui imposaient une vive et laborieuse activité, c’était la nuit, pendant l’insomnie, que toutes ces contrariétés, prenant mille formes diverses, roulaient tour à tour dans son esprit comme un cercle de douleurs. Ces images inévitables, et qui revenaient sans cesse, le réduisaient à un état voisin du désespoir, parce que l’action et le travail, qui sont d’ordinaire les meilleurs remèdes pour les situations telles que la sienne, loin de lui rendre la paix, lui procuraient à peine quelque soulagement.
Au milieu de ces angoisses, notre ami reçut une lettre, d’une écriturg inconnue, avec l’invitation de se rendre à la maison de poste d’une petite ville du voisinage, où un voyageur fort pressé désirait vivement l’entretenir. Accoutumé, par ses nombreuses relations d’affaires et de société, à de pareils rendez-vous, il hésita d’autant moins, qu’il croyait se rappeler un peu cette main facile et légère. Calme et tranquille, suivant son habitude, il se rendit au lieu désigné, et là, dans une chambre haute, qu’il connaissait bien, une chambre presque villageoise, il trouva la belle veuve, qui vint au-devant de lui, plus belle et plus agréable qu’il ne l’avait laissée. Est-ce que notre imagina-