Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gueur et de caprice les bâtiments dégradés, les murs négligés, les tours délabrées par le temps, les allées remplies d’herbe, les arbres languissants, les grottes artificielles couvertes d’une mousse tombée en pourriture, et cent autres choses pareilles. Cependant ils se remirent du mieux qu’ils purent ; notre artisle empaqueta soigneusement ses ouvrages ; ils s’embarquèrent ; VVilhelm accompagna son ami jusqu’à la tête du lac, où le peintre se mit en chemin, comme ils en étaient convenus, pour se rendre auprès de Nathalie, et, par le moyen de ces remarquables peintures, la transporter dans des contrées qu’elle ne verrait peut-être pas de sitôt. Il était aussi autorisé à déclarer la circonstance inattendue qui l’avait fait accueillir, de la manière la plus amicale, par les membres de la société des Renonçants, dont les traitements pleins de bienveillance l’avaient, sinon guéri, du moins consolé.

Lénardo à Wilhelm.

Voire lettre, mon cher ami, m’a trouvé au milieu d’une activité que je pourrais appeler confusion, si le but était moins grand, et si j’étais moins sûr de l’atteindre. Mon union avec les vùlres est plus importante que nous ne pouvions le penser de part et d’autre. Je n’ose entamer ce sujet, parce que je vois, dès l’entrée, comme l’ensemble est immense, comme l’enchaînement est inexprimable. Agir sans parler doit être désormais notre mot de ralliement.

Je vous remercie de me faire entrevoir, à demi voilé, dans le lointain, un si agréable secret. Je suis charmé de savoir cette femme excellente dans une situation heureuse et tranquille, tandis qu’un tourbillon d’affaires m’enveloppe et m’entraîne, mais non sans étoile et sans guide. L’abbé se charge de vous dire le reste ; je ne puis songer qu’au progrès ; le désir s’évanouit dans le travail et l’activité. Je suis à vous…. mais je m’arrête. Lorsqu’on a tant à faire, il ne reste plus de place pour la réflexion.