Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/416

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dénouées, et ont repris une face nouvelle. Il est désormais résolu que Bonne et Belle, autrefois la jeune brunette, entrera chez Macarie. Le plan, projeté d’une manière générale, et déjà approuvé de Lénardo, touche à l’exécution ; tous les intéressés sont d’accord ; Bonne et Belle remet tous ses biens à son associé ; il épouse la fille cadette de la famille laborieuse, et devient le beau-frère du rhabilleur. Par là, le local et l’association permettent l’établissement complet d’une nouvelle fabrique, et les habitants de l’industrieuse vallée sont occupés d’une autre façon. Ainsi Bonne et Belle devient libre ; elle remplace, auprès de Macarie, Angéla, qui est déjà fiancée avec le jeune associé de YVerner. Tout serait donc arrangé pour le moment ; ce qui ne peut être encore décidé demeure en suspens.

Mais Bonne et Belle demande que Wilhelm vienne la chercher ; il reste certaines choses à régler ; elle attache un grand prix à ce qu’il termine ce qu’il a véritablement commencé. C’est lui qui l’a découverte, et un étrange hasard a conduit Lénardo sur la trace de son ami. Il faut maintenant (tel est le* désir de Bonne et Belle) que Wilhelm lui rende le départ plus facile, et qu’il ait ainsi la satisfaction, la joie de ressaisir et de renouer lui-même une partie des fils entrelacés de la destinée.

Cependant, pour nous expliquer d’une manière un peu complète sur ce qui touche les esprits et les cœurs, nous devons révéler encore un plus intime secret. Lénardo n’avait jamais exprimé le moins du monde la pensée d’épouser Bonne et Belle ; mais, dans le cours des négociations, dans la longue correspondance qu’elles avaient nécessitée, on la consultait d’une manière délicate, pour savoir comment elle envisagerait cette liaison, et comment elle accueillerait les propositions qui lui seraient faites. On put conclure de ses lettres qu’elle ne se sentait pas digne de répondre à l’attachement de son noble ami en lui abandonnant un cœur partagé : tant de bienveillance méritait une âme tout entière, une femme qui fût toute à lui ; le souvenir de son fiancé, de son époux et de leur intime union, était encore si vivant chez elle, la possédait encore si pleinement, qu’il n’y restait plus de place pour l’amour et la passion ; elle ne pouvait plus sentir que l’affection la plus pure, et, dans cette occasion, la plus parfaite reconnaissance. Là-dessus on n’insista pas