Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/422

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l’affection de chacun. Les gens disaient entre eux qu’on l’avait vue souvent quitter son outil et courir à travers champs, pardessus les pierres et les broussailles, droit à une source cachée, où elle étanchajt sa soif. Elle avait répété cela journellement, et, dans quelque lieu qu’elle se trouvât, elle avait su découvrir, lorsqu’elle en avait eu besoin, quelque source pure.

Jl était donc resté un témoignage en faveur de l’assertion de Montan, et c’est vraisemblablement pour éviter des essais fatigants et des épreuves insuffisantes, qu’il résolut de cacher la présence d’une si remarquable personne à sa noble hôtesse, qui aurait cependant bien mérité une pareille confiance. Pour nous, il nous a paru convenable de faire connaître, tout incomplets qu’ils sont, les faits parvenus à notre connaissance, afin d’attirer l’attention des observateurs sur des cas de ce genre, qui se produisent, plus souvent qu’on ne pense, par telle ou telle indication


CHAPlTRE XVI.

Le bailli du château que nous avons vu naguère animé par nos émigrants, homme naturellement actif et habile, ayant sans cesse devant les yeux l’intérêt de son seigneur et le sien, était assis à son bureau, occupé, avec une satisfaction secrète, à mettre au net des comptes et un mémoire, par lequel il s’efforçait d’exposer et de détailler, avec un certain orgueil, les grands avantages que la présence de ces hôtes avait procurés au bailliage. Toutefois, dans sa pensée, c’était là le moins important ; il avait remarqué les grands résultats que produit le travail d’hommes actifs, habiles, éclairés et hardis. Les uns avaient pris congé pour passer la mer ; les autres pour chercher fortune en Europe : mais il s’aperçut que d’autres encore avaient