Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/424

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dans les rues du village, dans la cour du château, après que ce torrent se fut écoulé, quand un cavalier, accourant au galop et poussant des cris, ht lever de son siége notre bailli, enfoncé dans ses calculs, et le tira de sa tranquillité. A la vérité, le sabot du cheval ne sonnait pas, car il n’était pas ferré ; mais le cavalier, s’étant élancé du caparaçon (il chevauchait sans selle et sans étriers, et il ne conduisait le cheval qu’avec un filet), poussa des cris d’impatience contre les habitants, contre les hôtes, étant furieux et surpris de trouver tout mort et silencieux.

Le domestique du bailli ne savait que faire de cet étranger. Au bruit de leurs explications, le bailli survint et ne sut dire autre chose, sinon que tout le monde était parti.

« Où sont-ils allés ? * demanda le jeune et vif cavalier.

Le bailli indiqua tranquillement le cbemin que Lénardo et Odoardo avaient pris, ainsi qu’un troisième, un homme problématique, qu’ils appelaient tantôt Wilhelm, tantôt Meister. Celui-ci devait s’être embarqué sur la rivière, éloignée de quelques milles ; il la descendait pour aller d’abord visiter son fils, et poursuivre, après cela, l’exécution d’une importante affaire.

Le jeune homme était déjà remonté d’un bond sur son cheval, et s’était fait indiquer le plus court chemin pour aller à la rivière ; puis il s’élança hors de la cour, et s’éloigna, d’une course si précipitée, que le bailli, qui le suivait des yeux, de ses fenêtres, eut assez de peine à reconnaître, par un nuage de poussière fugitive, que le turbulent cavalier avait pris le bon chemin.

Le nuage lointain s’était envolé, et notre bailli allait reprendre son siége et son travail, lorsqu’un messager à pied accourut par la porte d’en haut, et demanda pareillement la société de l’Union, à laquelle on l’avait expédié en toute hâte pour lui remettre une dernière dépéche. 11 avait pour elle un gros paquet, et de plus une lettre adressée à Wilhelm, appelé Meister. Une jeune dame l’avait particulièrement recommandée au porteur et lui avait enjoint expressément de la remettre sans délai. Par malheur, il fut encore impossible de répondre autre chose à ce messager, sinon que le nid était vide, et qu’il devait poursuivre sa route au plus vite, pour gagner un endroit où il pouvait es-