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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/441

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près de lui pour le fléchir ; cependant les dames pleuraient, s’embrassaient, extrêmement troublées d’être ohligéesde se séparer sitôt et d’une manière si imprévue. La baronne revint ; elle n’avait rien obtenu. Déjà l’on emportait peu à peu les effets des hôtes. Les tristes moments de la séparation et des adieux furent très-vivement sentis. Avec les dernières cassettes et les dernières boîtes, toute espérance disparut. On amena les chevaux, et les pleurs coulèrent plus abondants.

La voiture partit ; la baronne la suivait, les larmes aux yeux. Elle quitta la fenêtre et reprit son métier à broder. Tout le monde était muet et embarrassé. Charles, surtout, témoignait son inquiétude ; assis dans un coin, il feuilletait un livre, et, par moments, il observait sa tante. Enfin il se leva et prit son chapeau, comme pour sortir ; mais il était à peine sur le seuil de la porte, qu’il revint sur ses pas, s’approcha de la baronne, et dit avec une noble fermeté :

,t Je vous ai offensée, ma chère tante, je vous ai affligée : pardonnez-moi ma précipitation ; je reconnais ma faute et je la sens profondément.

— Je puis pardonner, répondit la baronne ; je ne garderai contre toi aucun ressentiment, parce que tu es un homme généreux et bon ; mais tu ne peux réparer le mal que tu as fait. Je perds aujourd’hui, par ta faute, la société d’une amie, que je revoyais pour la première fois, après une longue séparation ; une amie que le malheur même ramenait près de moi, et dans l’intimité de laquelle j’oubliais souvent les maux qui nous ont atteints et ceux qui nous menacent. Elle, depuis longtemps errante, dans une fuite inquiète, et qui se reposait à peine depuis quelques jours, auprès d’anciens et chers amis, dans une demeure commode, dans un lieu agréable, la voilà de nouveau fugitive ; et nous perdons, en outre, la conversation de son mari, qui, s’il a peut-être quelques idées bizarres, n’en est pas moins un loyal et excellent homme ; un répertoire inépuisable pour la connaissance des hommes et des choses, des événements et des circonstances, qu’il sait exposer d’une manière agréable, heureuse et facile. Toutes ces jouissances, ta vivacité nous les fait perdre : comment pourras-tu nous dédommager ?