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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/521

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Là-dessus elle se hâta de prendre la corbeille, qui se plaça d’elle-même sur sa tête, et planait librement dans l’air, puis elle suivit, d’un pas leste, le jeune homme, qui, plongé dans ses rêveries, cheminait doucement sur la rive.

Sa belle tournure et son singulier costume avaient fait ;>ur la vieille une profonde impression. Il avait la poitrine couverte d’une brillante cuirasse, sous laquelle sa taille se mouvait avec grâce ; sur ses épaules se déployait un manteau de pourpre, et ses cheveux bruns flottaient en boucles élégantes autour de sa tête nue ; son beau visage était exposé aux rayons du soleil, ainsi que ses pieds bien modelés. 11 cheminait sans chaussure, d’un pas tranquille, sur le sable brûlant ; une tristesse profonde semblait émousser chez lui toutes les impressions des sens.

La vieille bavarde tâcha d’engager avec lui la conversation ; mais il ne lui fit que des réponses brèves, si bien qu’en dépit des beaux yeux du jeune homme, elle se lassa enfin de lui adresser la parole, et prit congé de lui en disant :

« A’ous allez trop lentement pour moi, monsieur ; il ne faut pas que je tarde un moment à traverser la rivière sur le serpent vert, et à porter au Beau lis le magnifique présent de mon mari. »

A ces mots, elle poursuivit son chemin à grands pas, et le jeune homme, prenant une allure aussi prompte, se hâta de suivre sa trace.

« Vous allez vers le Beau lis ! s’écria-t-il ; alors notre but est le même. Quel est ce présent que vous lui portez ?

— Monsieur, répliqua la femme, il n’est pas convenable, après avoir éludé mes questions par vos monosyllabes, de me demander mes secrets avec tant de vivacité. S’il vous plaît de faire un échange et de me raconter vos aventures, je ne vous cacherai pas qui je suis et quel est mon présent. »

Ils furent bientôt d’accord ; la femme lui raconta son histoire et celle du chien, et lui fit ensuite admirer ce merveilleux cadeau.

Il tira aussitôt de la corbeille ce chef-d’œuvre de la nature, et prit dans ses bras Mops, qui semblait dormir doucement. * Heureux animal, dit-il, tu seras touché de ses mains ; tu