Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/575

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veuille approcher des murs, l’érable poli, le chêne rude, le pin élancé, opposent leurs tiges et leurs racines ; il faut serpenter alentour et suivre avec précaution le sentier. Voyez comme le crayon de notre maître a rendu parfaitement le caractère du paysage ! comme se distinguent les différentes espèces de tiges et de racines, entremêlées avec la maçonnerie, et les fortes branches qui passent à travers les brèches ! C’est un désert sans pareil, un site accidenté d’une manière unique, où les traces antiques de la force humaine, dès longtemps disparue, se montrent dans la lutte la plus sévère avec la nature vivante et agissante éternellement. »

Le prince, présentant une autre feuille, poursuivit en ces termes :

« Que dites-vous maintenant de la cour du château, que la chute de la porte et de sa vieille tour avait rendue inaccessible, et dans laquelle, de mémoire d’homme, personne n’avait pénétré ? Nous l’avons prise de côté, nous avons percé des murs, fait sauter des voûtes, et pratiqué de la sorte un chemin commode, mais secret. Au dedans il n’a pas été nécessaire de déblayer : là se trouve une roche disposée par la nature en plate-forme ; toutefois de grands arbres ont réussi à prendre racine ; ils ont crû lentement, mais hardiment ; aujourd’hui ils étendent leurs branches jusque dans les galeries où le chevalier passait et repassait autrefois ; elles ont même envahi, par les portes et les fenêtres, les salles voûtées, d’où nous ne prétendons point les chasser. Elles en ont pris possession et peuvent y demeurer. Après avoir enlevé d’épaisses couches de feuilles, nous avons trouvé le sol aplani de cette place remarquable, qui peut-être n’a pas au monde son égale.

« Un détail bien curieux encore, et qu’il faut voir sur les lieux, c’est un érable, qui a pris racine sur les degrés par lesquels on monte à la grande tour, où il est devenu un arbre si fort, que l’on ne peut sans beaucoup de peine passer auprès, pour arriver au sommet de la tour, d’où l’on découvre une immense perspective. Mais on s’y trouve aussi à l’ombre commodément, car c’est ce même arbre qui s’élève merveilleusement sur tout l’ensemble.

« Remercions l’artiste de talent qui, dans ses divers dessins,