Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/87

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la jeunesse pour se livrer à la danse. Quand elle s’appuie sur une vie sérieuse, la sainteté est si belle ! La gravité et la sainteté modèrent la joie, et l’homme ne se conserve que par la modération.

La commune ne partage-t-elle pas ces sentiments ? si elle est assez riche, elle est libre de consacrer à ces divers objets divers édifices.

Mais, si l’on fait toutes ces dispositions pour l’extérieur et la décence publique, la religion proprement dite reste toujours une chose intérieure et même individuelle ; car elle seule s’adresse à la conscience, -qu’il importe d’exciter, de calmer : il faut l’exciter, quand elle reste assoupie, inactive, inefficace ; il faut la calmer, quand elle menace de troubler la vie par les angoisses du repentir : car elle touche de bien près au souci, qui menace de se changer en violent chagrin, quand, par notre faute, nous avons attiré un malheur sur nous ou sur les autres.

Mais, comme nous ne sommes pas toujours disposés aux méditations du genre de celles qu’on nous demande ici, que nous n’aimons pas toujours qu’on les excite en nous, on y consacre le dimanche, ou l’on doit s’entretenir de tout ce qui donne aux âmes du souci, sous le rapport religieux, moral, social et économique.

« Si vous restiez quelques jours avec nous, disait Juliette, notre dimanche, je le crois, ne vous déplairait pas. Après-demain matin, vous remarqueriez un grand silence ; chacun reste seul et se livre à une méditation prescrite. L’homme est un être borné : c’est à méditer sur ces bornes que le dimanche est consacré. Si nous éprouvons des souffrances corporelles, que les occupations dela semaine nous ont fait peut-être négliger, nous devons, dès le commencement de la semaine suivante, consulter le médecin. Nos inquiétudes concernent-elles la gestion de nos affaires, nds employés sont tenus d’en délibérer. Ce qui nous afflige est-il de l’ordre moral ou religieux, nous devons nous adresser à un ami, à une personne sage, pour lui demander ses conseils, son assistance. Enfin c’est chez nous une loi, que personne ne doit transporter dans la semaine nouvelle une affaire qui l’afflige ou l’inquiète. C’est en les accomplissant de la manière la plus scrupuleuse, qu’on se ’délivre des devoirs