Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/177

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quèrent les réflexions les plus honorables, mais ou ne parla pas de ses derniers jours. L’homme qui avait été si précieux, si intéressant, pour cette société, qu’il avait enfin choisie, devint, dans sa mort, incommode à ses amis : quelque décision que l’on prît pour sa sépulture, elle était hors de la règle.

La situation de la princesse, observée de près, ne pouvait paraître qu’aimable. Cette noble femme sentit de bonne heure que le monde ne nous donne rien, qu’il faut se recueillir en soi-même, qu’il faut s’occuper des intérêts du temps et de l’éternité dans un cercle intime et borné. Elle avait embrassé les uns et les autres. Elle trouvait le suprême bien temporel dans ce qui est conforme à la nature. Il faut se rappeler ici les maximes de Rousseau sur la vie civile et sur l’éducation des enfants. On voulait revenir en tout à la simple vérité : les corsets et les souliers à talons avaient disparu ; la poudre s’était dissipée ; les cheveux tombaient en boucles naturelles ; les enfants de la princesse apprenaient à nager et à courir, peut-être même à se battre et à lutter. Je n’aurais pas reconnu sa fille : elle était devenue grande et forte ; je la trouvai intelligente, aimable, bonne ménagère, vouée et façonnée à cette vie demi-monastique. Voilà comme on avait réglé la vie temporelle et présente. Les biens futurs, éternels, on les avait trouvés dans une religion qui donne la sainte assurance de ce que les autres font espérer par leurs enseignements.

Mais, comme un aimable intermédiaire entre les deux mondes, s’épanouissait la bienfaisance, effet le plus doux d’un sévère ascétisme. La vie était remplie par les exercices de la piété, et la charité, la modération, la tempérance, paraissaient dans toute la tenue de la maison. Les besoins de chaque jour étaient largement et simplement satisfaits ; mais la demeure, l’ameublement et tous les objets d’usage n’étaient ni élégants ni précieux. Tout avait l’apparence d’une décente maison garnie. Il en était de même chez Furstenberg. Il habitait un palais, mais un palais étranger, qu’il ne devait pas laisser à ses enfants. Il se montrait de même en toutes choses simple, modéré, content de peu, se reposant sur sa dignité morale, dédaignant tout appareil, comme faisait aussi la princesse.

C’est dans ce milieu que s’éveillèrent des entretiens où l’es-