Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/186

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arrivés à leur époque florissante ; Schrœdcr, Babo, Ziegler, talents énergiques, fournirent un précieux contingent. Bretzner et langer donnèrent carrière, sans prétention, à une gaieté facile ; Hagemann et Hagemeister, talents incapables d’une longue application, travaillaient aussi pour le moment, et, s’ils n’étaient pas admirés, ils étaient du moins bienvenus. Cette masse vivante, qui tournait en cercle, on s’efforça de lui imprimer un essor plus élevé à l’aide de Shakspeare, de Gozzi et de Schiller. On ne se borna plus à n’étudier que le nouveau pour l’oublier d’abord ; on fut soigneux dans le choix, et l’on commença à préparer un répertoire, qui se maintint pendant nombre d’années.

Nous profitâmes pour l’opéra des travaux de Dittersdorf. Les amis qui nous revinrent d’Italie nous firent goûter Paesiello, Cimarosa, Guglielmi ; et Mozart enfin nous fit sentir l’influence de son génie. Si l’on réfléchit que, de tout cela, bien peu de chose était connu, que rien n’avait été mis en œuvre, on reconnaîtra que les débuts du théâtre de Wcimar coïncidèrent avec l’époque de la rénovation du théâtre allemand, et qu’ils jouirent d’avantages qui durent manifestement donner une impulsion féconde au développement naturel et génétique de l’art dramatique en Allemagne.

La collection de pierres gravées que m’avait confiée la princesse ne doit pas être mise en oubli. Les amateurs des arts à Weimar en tirèrent tous les avantages possibles aussi longtemps qu’elle fut dans nos mains. Elle devint dès le même hiver un noble amusement pour la société éclairée qui se réunissait qutour de la duchesse Amélie. On chercha à faire de solides progrès dans l’étude des pierres gravées, et ce désir fut favorisé par la bienveillance de l’excellente princesse qui les avait remises dans mes mains, car elle nous en permit la jouissance pendant plusieurs années. Toutefois, peu de temps avant sa mort, elle eut le plaisir de voir d’un coup d’œil toutes les pièces comme elle ne les avait jamais vues, rangées au complet, en belle ordonnance, dans deux cassettes où je les avais placées ; et son noble cœur put s’applaudir de la grande confiance qu’elle m’avait témoignée.

Je me sens pressé de quitter ces études plastiques, pour pré-