Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/185

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la troupe avait passé l’été de cette année-là et celui de l’année précédente à Lauchstaedt ; elle avait pris de l’ensemble en répétant des pièces alors en vogue et qui pour la plupart avaient du mérite. Un reste de la troupe de Bellomo en faisait le fonds ; c’étaient par conséquent des personnes accoutumées les unes aux autres ; des artistes déjà formés, ou qui promettaient beaucoup, comblaient heureusement les vides.

On peut dire que dans ce temps-là il y avait encore un métier de comédien, ce qui permettait aux artistes de théâtres éloignés de se mettre bientôt à l’unisson, surtout si l’on réussissait à enrôler des Bas-Allemands pour la récitation et des HautsAllemands pour le chant. Pour un début, le public pouvait donc être fort satisfait. Comme j’avais pris parlà la direction, ce fut pour moi une occupation récréative de chercher doucement par quels moyens l’entreprise pourrait être menée plus loin. Je vis bientôt qu’une certaine technique pouvait naître de l’imitation, de la comparaison et de la routine ; maison manquait complétement de ce que j’oserais appeler grammaire, base indispensable toutefois, avant qu’on puisse arriver à la rhétorique et la poétique. Je me bornerai à dire ici que cette technique, qui s’approprie tout par la tradition, je m’efforçai de l’étudier et de la ramener à ses éléments, et, ce que j’en avais bien saisi, je le faisais observer en détail sans invoquer des idées générales.

Ce qui favorisa surtout mon entreprise, c’est qu’on voyait alors régner sur la scène le ton de la nature ou de la conversation, qui est tout à fait convenable et digne d’éloges quand il se produit comme l’art accompli, comme une seconde nature, mais non si chacun s’imagine que, pour mériter les applaudissements, il lui suffit de produire-sa propre individualité toute nue. Cependant je profitai pour mon objet de cette tendance, car je pouvais être bien content, si le naturel primitif se produisait avec liberté, pour se laisser conduire peu à peu à une culture plus élevée par certaines règles et certaines dispositions. Mais je ne puis en dire davantage, attendu que ce qui fut fait et exécuté se développa peu à peu de soi-même, et exigerait par conséquent un exposé historique.

Je dois cependant indiquer en peu de mots les circonstances qui favorisèrent le nouveau théâtre. Iffland et Kotzeboue étaient