Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/227

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de préserver de l’incendie ; saint Sébastien était le patron des blessés ; pour le troisième cas, on ne savait si peut-être saint Hubert y aurait porté remède. Au reste, les croyants avaient assez de latitude, puisqu’on somme on avait établi quatorze saints libérateurs. On passa en revue leurs vertus, et l’on trouva qu’il n’y aurait jamais assez de libérateurs.

Pour échapper aux réflexions de ce genre, toujours inquiétantes, même quand on est de joyeuse humeur, on sortit, et l’on s’arrêta si longtemps sous le ciel scintillant d’étoiles, que le profond sommeil qui suivit put être considéré comme nul, car il nous quitta avant le lever du soleil. Nous sortons aussitôt pour plonger nos regards dans les sombres gorges du Rhin. Il s’en échappait un vent frais qui nous frappait au visage, et qui était favorable aux passagers des deux rives. Déjà tous les mariniers sont alertes et occupés ; les voiles sont prêtes ; des salves partent d’en-haut, pour commencer le jour comme on l’avait annoncé la veille. Déjà des figures isolées et des compagnies se montrent comme des silhouettes sur le ciel clair, autour de la chapelle et sur la crête de la montagne, mais le fleuve et la rive sont encore peu animés.

La passion de l’histoire naturelle nous engage à visiter une collection où les produits métalliques du Westerwald, dans toute son étendue, et les plus remarquables minéraux de Rheinbreitbach se trouvaient, nous dit-on, rassemblés. Mais cet examen scientifique faillit nous jeter dans l’embarras, car, lorsque nous fûmes revenus au bord du Rhin, nous trouvâmes les part mts dans la plus vive agitation. Ils se précipitaient par masses dans les bateaux, qui démarraient l’un après l’autre, surchargés de monde.

On voyait sur l’autre bord cheminer la foule, courir les voitures, aborder les bateaux qui venaient des localités supérieures. La pente de la montagne fourmille de gens qui s’efforcent de gravir des sentiers plus ou moins roides. La canonnade, qui continue, annonce sans cesse des populations nouvelles. Il est temps de les joindre. Nous sommes au milieu du fleuve ; nos voiles et nos rames rivalisent avec mille autres. A peine débarqués, nous observons avec un zèle géologique, au pied de la colline, des rochers étranges. Le naturaliste est dé-