Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/243

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courir des deux les hommes ainsi qu’il l’avait fait ici-bas de son vivant.

« Nous devons par conséquent le regarder à tous égards comme un modèle sur lequel nous mesurons nos progrès spirituels. Si doncen de tristes jours vous vous êtes tournés vers lui, et si, par la faveur divine, vous avez été heureusement exaucés, éloignez maintenant tout orgueil et toute fierté ; demandez-vous humblement et courageusement : « Avons-nous eu ses vertus devant les « yeux ? Nous sommes-nous efforcés de marcher sur ses traces ? « Dans le temps le plus affreux, sous des fardeaux à peine sup« portables, nous sommes-nous résignés à la volonté de Dieu î « Avons-nous étouffé un murmure naissant ? Avons-nous vécu « dans une ferme espérance, pour mériter qu’elle fût comblée « d’une manière aussi gracieuse qu’inattendue ? Dans les jours « les plus horribles de furieuses épidémies, avons-nous fait plus « que de prier et d’implorer le salut ? Avons-nous, dans cette « détresse, porté secours aux nôtres, à nos parents plus ou moins « éloignés, à nos connaissances, même aux étrangers et à nos « ennemis ? Avons-nous risqué notre vie pour Dieu et pour son « saint ? »

« A ces questions, si vous pouvez dans le fond du cœur répondre: « Oui ! » comme la plupart d’entre vous le peuvent sans doute sincèrement, emportez dans vos demeures un bon témoignage. Et si vous pouvez, comme je n’en doute pas, ajouter encore : « Dans tout cela nous n’avons eu en vue aucun avantage « terrestre, nous nous sommes contentés de faire ce qui était « agréable à Dieu, » vous avez d’autant plus lieu de vous réjouir de n’avoir fait aucune prière vaine, et d’avoir été plus semblables à l’intercesseur.

« Croissez et avancez dans ces vertus durant les bons jours, afin que dans les mauvais, qui surviennent souvent à l’improviste, vous puissiez adresser à Dieu par son saint vos vœux €t vos prières.

« Et considérez aussi à l’avenir les pèlerinages que vous ferez encore en ce lieu comme des avertissements renouvelés que vous ne pouvez offrir au Tout-Puissant un plus grand sacrifice d’actions de grâces qu’un cœur amendé et enrichi de nouveaux dons spirituels. »