Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment de l’année, à recevoir chez nous des troupes prussiennes. Le régiment Ostin fut suivi, au commencement de février, par des fusiliers, puis arrivèrent les régiments Bork, Arnim, Pirsch. On s’était déjà accoutumé à ce mouvement.

Le 30 janvier, jour de naissance de notre honorée duchesse, fut célébré cette fois avec assez de pompe, mais avec de fâcheux pressentiments. Le régiment Ostin se vantait d’avoir un chœur de trompettes sans égales. Ils parurent en demi-cercle sur la scène pour saluer la princesse ; ils donnèrent des preuves de leur habileté extraordinaire, et finirent par accompagner un chœur, dont la mélodie, généralement connue, consacrée à un roi insulaire, et qui n’a encore été surpassée par aucun chant patriotique du continent, produisit son effet sublime.

Ensuite on donna une traduction ou une imitation du Çid de Corneille, ainsi que Stella, pour la première fois, avec la catastrophe tragique1. Goelz de Berlichingen elEgmont eurent aussi leur tour. La Cloche de Schiller, avec tout l’appareil de la fonte et la représentation complète, que nous avions déjà essayée depuis longtemps comme exercice, fut donnée, et de telle sorte que la troupe entière y concourut. La partie proprement dramatique et de métier échut au maître et à ses ouvriers ; tout ce qui était lyrique fut partagé entre les acteurs et les actrices, depuis les plus âgés jusqu’aux plus jeunes.

Le docteur Luther d’Iffland fit sensation, mais nous hésitâmes à l’accueillir sur notre théâtre. On s’occupa aussi d’accommoder à la scène Hakon-Iarl, estimable tragédie d’Oelenschlaeger. On avait déjà préparé les costumes et les décorations ; mais, dans un temps où l’on jouait sérieusement avec les couronnes, on vit ensuite des inconvénients à se faire un amusement de cet insigne sacré. Quand l’année fut plus avancée, et que la fureur de la guerre menaçait de rompre toutes les relations, on se fit un devoir de maintenir le théâtre, comme un objet d’intérêt public. Les représentations ne furent interrompues que deux mois ; les travaux scientifiques ne le furent que peu de jours.

La nouvelle édition qu’on se proposait de faire de mes œuvres


1. Comme nous l’avons donnée, tome II, page 180. Le premier dénoOment était conforme à l’histoire du comte de Gleichen, rappelée par Cécile, page 483.