Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/338

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Dans la première moitié de l’année, Alexandre de Humboldt me fit l’honneur de me dédier son important ouvrage : Idées pour une géographie des plantes, avec un tableau de la nature des Tropiques.

On imprima les tables pour le Traité des couleurs ; l’impression de Y Essai avançait toujours, et je pus me livrer avec plus de liberté à la polémique.

J’apprends la mort de Hackert. On m’envoie, d’après son ordre, ses notes biographiques et ses esquisses. J’écris un sommaire de sa vie, qui paraît d’abord dans le Moryenblatt.

Le séjour que j’avais fait à Carlsbad l’année précédente m’avait élé si salutaire, que je résolus d’y retourner, et, cette fois, de bonne heure. J’y arrivai dès le milieu de mai. Cette saison fut féconde en petites histoires imaginées, commencées, poursuivies, achevées, et que je devais enchaîner par un fil romantique sous le titre de Années de voyage de Wilhelm Meisler. Je signalerai la conclusion de la Nouvelle Mélusine1, l’Homme de cinquante ans*, la Folle voyageuse*.

Dans l’âge mûr, où l’on n’est pas entraîné par les distractions, absorbé par les passions, un séjour aux eaux offre de grands avantages. Tant de personnes marquantes et diverses, qui affluent de tous côtés, nous apportent l’expérience de la vie. Cette année, Carlsbad me fut très-favorable, car j’y trouvai nonseulement les plus abondantes et les plus agréables distractions, mais j’y formai une liaison qui me devint très-avantageuse dans la suite. Je rencontrai le résident de Reinhard, qui avait choisi ce séjour avec sa femme et ses enfants, pour se refaire et se reposer de ses dures épreuves. Mêlé dans ses jeunes années à la révolution française, il s’était assimilé aux générations suivantes et signalé par ses services comme ministre et comme diplomate. Napoléon, qui ne pouvait l’aimer, sut toutefois l’employer et finit par l’envoyer dans un poste désagréable et dangereux, à Jassy, où il séjourna quelque temps, remplissant son devoir avec fidélité ; mais ensuite, enlevé par les Russes, emmené avec les siens à travers plusieurs provinces, il fut enfin relâché par suite de représentations oflicieuses. Sa femme, per-


1. Tome VII, page 317. — 2. Pdge 102. — 3. Page 47.