Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/430

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


SUR LE LAOCOON.

Une véritable œuvre d’art, comme une œuvre de la nature, sera toujours infinie pour notre esprit ; nous la contemplons, nous la sentons, elle agit sur nous, mais nous ne pouvons proprement la connaître à fond, et nous pouvons bien moins en exprimer par le langage l’essence et le mérite. Dans ce que nous allons dire sur le Laocoon, nous n’avons donc nullement la prétention d’épuiser ce sujet ; nous n’écrivons pas sur cet excellent ouvrage, mais à son occasion.

Si l’on veut parler d’une œuvre d’art excellente, il est presque nécessaire de parler de l’art tout entier, car elle le renferme tout entier, et chacun peut, autant que ses facultés le lui permettent, développer d’un cas particulier comme celui-là la fhéorie générale. C’est pourquoi nous commencerons par quelques généralités.

Tous les grands ouvrages d’art représentent la nature humaine. Les arts plastiques s’occupent particulièrement du corps humain. C’est d’eux seulement que nous parlons icr. L’art a de nombreux degrés ; sur chacun peuvent se produire d’excellents artistes ; mais un ouvrage parfait possède toutes les qualités qui ne sont d’ordinaire que réparties isolément.

Les œuvres d’art les plus éminentes que nous connaissions nous montrent :

Des natures. vivantes, d’une organisation supérieure. On attend avant tout la connaissance du corps humain dans ses parties, ses masses, ses destinations intérieures et extérieures, ses formes et ses mouvements en général.

Des Caracteres. La connaissance de la dégradation de ces parties dans la forme et l’effet. Les qualités se séparent et se présentent isolément ; parlà naissent les caractères, et par là différents ouvrages d’art peuvent être mis dans une relation intéressante les uns à l’égard des autres ; tout comme, quand un