Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/431

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ouvrage est composé, ses parties peuvent avoir entre elles des relations importantes. Le sujet est :

En REf os ou En Mouvement. Une œuvre d’art ou ses parties peuvent être présentées pour elles-mêmes, à l’état de repos et simplement existantes, ou bien en mouvement, agissantes, avec une expression passionnée.

IdÉal. Pour s’élever jusque-là, il faut que l’artiste soit doué d’un sentiment profond, persévérant, et d’une élévation qui lui permettent d’embrasser l’objet dans son ensemble pour trouver le moment culminant qu’il faut représenter, le dégager par conséquent de sa réalité bornée et lui donner dans un monde idéal la mesure, la limite, la vérité et la dignité.

Grace. L’objet et la manière de le représenter sont assujettis à des règles sensibles, savoir à l’ordre, à la clarté, à la symétrie, aux contrastes, etc., par lesquels il sera beau à l’œil, c’est-àdire gracieux.

BeautÉ. Il est de plus soumis à la loi de la beauté intellectuelle, qui résulte de la mesura à laquelle l’homme exercé à exposer ou à produire le beau sait soumettre jusqu’aux extrêmes.

Après avoir présenté les conditions que nous voulons voir remplies dans une grande œuvre d’art, je dirai beaucoup en peu de mots, si j’affirme que notre groupe les remplit toutes, et qu’on pourrait les déduire de cet unique ouvrage.

On me dispensera de prouver qu’il montre la connaissance du corps humain, qu’il en reproduit le caractère, comme l’expression et la passion. Combien la conception du sujet est élevée et idéale, c’est ce qui paraîtra par ce que nous allons dire. Qu’on doive appeler l’ouvrage beau, on n’en doutera poinf, si l’on reconnaît la mesure avec laquelle est ici représentée l’extrême douleur physique et morale.

En revanche, je paraîtrai paradoxal à plusieurs, si je soutiens que.ce groupe est en même temps gracieux. Quelques mots sur ce point.

Toute œuvre d’art doit se présenter comme telle, et elle le peut seulement par ce que nous appelons beauté sensible ou grâce. Les anciens, bien éloignés de l’opinion moderne, qu’une œuvre d’art doit redevenir en apparence une œuvre de nature, signalaient leurs œuvres d’art comme telles par un ordre choisi