Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/454

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habits, des rayons d’or ou des couronnes autour des tètes, puis des enfants, des animaux de formes bizarres, des chimères, des grotesques et d’autres folies. Souvent aussi le cas se présentait, qu’un artiste, qui se croyait inventeur, recevait d’un amateur, qui ne savait pas estimer son talent, la commission de copier un ouvrage étranger, et, le faisant avec répugnance, voulait aussi par-ci par-la se montrer original, et changeait ou ajoutait selon les inspirations de sa science et peut-être aussi de sa vanité. Ces changements étaient aussi demandés quelquefois par le temps et le lieu. On se servait de telle ou telle figure pour un but tout différent de celui auquel le premier auteur l’avait destinée. Les peintures profanes étaient transformées en-peintures sacrées avec quelques garnitures ; des dieux et des héros païens devaient se résigner à être des évangélistes et des martyrs. Souvent aussi l’artiste, après avoir copié dans un tableau célèbre quelque figure pour s’exercer et s’instruire, y ajoutait quelque chose de son invention pour en faire un tableau de vente. Enfin, on peut aussi attribuer en partie à l’invention et à l’abus de la gravure la décadence de l’art, parce que la gravure offrit en foule aux peintres médiocres des inventions étrangères, en sorte que personne n’étudia plus, et que la peinture finit par tomber au point d’être confondue avec les travaux mécaniques. Les gravures étaient déjà différentes des originaux, et qui les copiait multipliait le changement selon son idée ou son caprice, ou le caprice et l’idée d’autrui. Il en alla de même pour les dessins : les artistes esquissaient pour eux les objets les plus remarquables de Rome et de Florence, afin de les reproduire arbitrairement une fois qu’ils seraient chez eux.

COPIES DE LA CÈNE.

Ce qui précède fera bien juger ce qu’on peut plus ou moins attendre des copies de la Gène, quoique les plus anciennes soient contemporaines du tableau, parce que l’ouvrage fit une grande sensation et que d’autres couvents en demandèrent de pareils.

Des copies citées par l’auteur, trois seulement nous occuperont ici. Cependant il en est une quatrième qui leur a servi de