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POÉSIES LYRIQUES DE JEAN-HENRI VOSS1.

« sa».

Ces poésies sont rangées, dans l’ordre chronologique, et cette disposition, adoptée par plusieurs poètes, annonce, particulièrement chez le nôtre, une culture paisible, uniforme, graduelle, et nous fait pressentir que nous trouverons reproduits dans ce recueil, plus peut-être que dans tout autre, la vie, le caractère et la marche du poète.

Tout écrivain se peint en quelque mesure dans ses ouvrages, et même contre son gré. Le nôtre nous expose de propos délibéré sa vie intérieure et extérieure, sa manière de penser, les mouvements de son cœur, et il ne répugne pas à nous expliquer familièrement dans des notes supplémentaires son état, ses sentiments, ses desseins et son langage.

Invités d’une manière si amicale, approchons-nous de lui, cherchons-le chez lui-même, attachons-nous à lui, et promettons-nous d’avance beaucoup d’instruction et de plaisir.

Nous le trouvons dans les plaines du Nord, menant une vie heureuse, sous un climat où les anciens soupçonnaient à peine des êtres vivants.

L’hiver y exerce en effet tout son empire. 11 s’élance du pôle avec les orages et couvre les forêts de frimas, les fleuves de glace ; la neige en poussière tourbillonne autour du pignon pointu, tandis que le poète, bien abrité, jouit des douceurs du foyer et délie gaiement ces fureurs. Arrivent des amis, en pelisses brodées de frimas. Cordialement accueillis sous l’avant-toit protecteur, réunis en cercle pour l’intime causerie, ils animent le repas familier par le choc des verres, par les chansons, et savent se créer un été idéal.

Nous le voyons ensuite braver en personne les horreurs du ciel hivernal. Tandis que l’essieu crie sous la charge du bois à


1. Extrait de la Gazette littéraire générale d’Iéna.