Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/474

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voit pas seulement la vérité de l’imitation, il voit le mérite du choix, l’intelligence de la composition, le surhumain de ce petit monde des arts ; il sent qu’il doit s’élever jusqu’à l’artiste pour jouir de l’ouvrage ; il sent qu’il doit se recueillir de sa vie distraite, se familiariser avec l’ouvrage, le contempler souvent et se créer par là une plus haute existence. »

LE SPECTATEUR.

Bien, mon ami ! Devant ces tableaux, au théâtre et à la lecture d’autres genres de poésie, j’ai eu des sensations assez pareilles, et pressenti à peu près ce que vous demandez. A l’avenir, j’observerai encore plus attentivement et moi-même et les œuvres d’art : mais, quand j’y réfléchis, il me semble que nous nous sommes beaucoup écartés du sujet de notre conversation. Vous vouliez me persuader que je devais trouver admissibles les spectateurs peints dans notre opéra, et je ne vois pas encore, lors même que je me suis mis d’accord avec vous jusqu’ici, comment vous justifierez aussi cette licence, et à quel titre vous introduisez chez moi ces assistants peinturés.

L’AVOCAT.

Par bonheur, on redonne aujourd’hui l’opéra, et apparemment vous ne manquerez pas le spectacle ?

LE SPECTATEUR.

Non, certainement.

L’avocat.

Et les figures peintes ?

LE SPECTATEUR.

Ne m’effaroucheront pas, parce que je crois être quelque chose de mieux qu’un moineau.

L’AVOCAT.

Je souhaite que le plaisir nous réunisse bientôt l’un et l’autre.