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COMPARÉE.

Un écolier profane qui ose contredire les maîtres de la science, et (ce qui est encore plus extravagant) prétend les convaincre, fait preuve d’une ignorance complète des allures du monde et d’une naïveté toute juvénile. Une expérience de plusieurs années m’a rendu plus sage, et m’a appris que les phrases que l’on répète sans cesse finissent par devenir des convictions, et ossifient les organes de l’intelligence. Cependant il est bon de ne pas faire ces observations trop tôt ; sans cela l’amour du vrai et de l’indépendance qui caractérise la jeunesse est paralysé par le chagrin. Je trouvai bien étonnant néanmoins que les maîtres de la science persistassent dans ces locutions, en même temps que tous les anatomistes contemporains s’accommodaient de cette profession de foi.

C’est un devoir pour nous de rappeler le souvenir d’un jeune peintre plein de mérite appelé Waiz ; il était habile dans ce genre de travaux, et continuait à faire des esquisses et des dessins achevés ; car mon projet était de publier une série de dissertations sur des points intéressants d’anatomie, accompagnées de planches exécutées avec soin. L’os en question devait être représenté dans une série continue, depuis son plus grand état de simplicité et de faiblesse jusqu’à son plus haut degré de développement en concision et en force, et jusqu’à ce qu’il se dissimule enfin dans la plus noble de toutes les créatures, l’homme, de peur de trahir en lui la voracité de la bête.

Je dirai tout à l’heure ce que ces dessins sont devenus ; comme je voulais passer du simple au composé, du faible au fort, je choisis d’abord le chevreuil, où l’os est faible, en forme d’étrier et dépourvu de dents ; puis on passait au bœuf, où il se fortifie, s’aplatit et s’élargit. Dans le chameau, il était remarquable par son ambiguïté ; d’une forme plus décidée dans le cheval