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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/114

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ANATOMIE

II.

Pourquoi le Mémoire sur l’os intermaxillaire a paru d’abord sans être accompagné de dessins.

Lorsque je commençai, vers l’année 1780, à m’occuper beaucoup d’anatomie, sous la direction du professeur Loder, l’idée de la métamorphose des plantes n’avait pas encore germé dans mon esprit ; mais je travaillais à l’établissement d’un type ostéologique, et il me fallait, par conséquent, admettre que toutes les parties de l’animal, prises ensemble ou isolément, doivent se trouver dans tous les animaux ; car l’anatomie comparée dont on s’occupe depuis si long-temps ne repose que sur cette idée. Il se trouva que l’on voulait alors différencier l’homme du singe, en admettant chez le second un os intermaxillaire dont on niait l’existence dans l’espèce humaine. Mais cet os ayant surtout cela de remarquable qu’il porte les dents incisives, je ne pouvais comprendre comment l’homme aurait eu des dents de cette espèce sans posséder en même temps l’os dans lequel elles sont enchâssées. J’en recherchai donc les traces, et il ne me fut pas difficile de les trouver, puisqu’il est borné en arrière par les conduits naso-palatins, et que les sutures qui en partent indiquent très bien une séparation de la mâchoire supérieure. Loder parle de cette observation dans son Manuel anatomique, 1787, p. 89, et l’auteur de la découverte en fut très enorgueilli. On fit des dessins pour prouver ce que l’on voulait démontrer ; on rédigea une petite dissertation qu’on traduisit en latin pour la communiquer à Camper. Le format et l’écriture étaient si convenables, que le grand homme en fut frappé. Il loua l’exécution avec beaucoup d’amabilité, mais n’en soutint pas moins comme auparavant que l’homme n’avait pas d’os intermaxillaire.