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ANATOMIE

pour la forme de l’animal fossile. Celui-ci, dans tous les cas, peut être considéré comme faisant partie d’une race perdue, dont le taureau commun et celui des Indes seraient les descendants les plus immédiats.

Pendant que nous réfléchissions sur ces communications intéressantes, nous nous rappelâmes trois énormes proéminences de cornes qui furent trouvées, il y a trois ans, dans les sables de l’Ilm, près Mellingen. On peut les voir au muséum d’Iéna. La plus longue a deux pieds six pouces, et sa circonférence, à l’endroit où elle se détache du crâne, est d’un pied trois pouces de Leipsick.

Nous apprîmes, sur ces entrefaites, que l’on avait trouvé un squelette semblable, en mai 1820, dans la tourbière de Frose près d’Halberstadt. Il était à dix ou douze pieds de profondeur, mais on n’en avait conservé que la tête. Le docteur Koerte nous en a donné un dessin caractéristique dans les Archives palæontologiques publiées par Ballenstedt, T. 3, v. 2e cahier ; il la compare à la tête d’un taureau du Voigtland qu’il avait préparée lui-même avec beaucoup de soin. Nous allons le laisser parler lui-même :

« Ces deux têtes sont pour moi comme deux chroniques ; le crâne du taureau fossile est un témoignage de ce que la nature a voulu de toute éternité ; celui du taureau vivant, un exemple du point de perfection où elle a amené cette forme animale. Je remarque la masse énorme de l’animal fossile, ses grosses proéminences, son front aplati, ses orbites dirigés en dehors, ses cavités auditives plates et étroites, les sillons profonds que des cordes tendineuses ont creusés sur son front. Que l’on compare à cet ensemble les cavités orbitaires du crâne nouveau, elles sont plus grandes et dirigées plus en avant. Le front et l’os du nez sont plus bombés, les cavités auditives plus larges et mieux con-