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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/165

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COMPARÉE.

satisfait, qu’ils pensent à l’avenir, et veulent vivre dans la sécurité de l’abondance ; de là cet instinct d’amasser sans cesse, et des actes qui ressemblent à une habileté réfléchie.

Quoique l’organisation des rongeurs flotte dans un champ pour ainsi dire sans bornes, cependant elle est limitée par celles de l’animalité en général, et se rapproche de la structure qu’on observe dans tel ou tel genre d’animaux. Ainsi d’un côté, les rongeurs touchent aux carnassiers, de l’autre aux ruminants ; ils ont même quelques affinités éloignées avec les singes, les chauves-souris, et d’autres ordres intermédiaires.

Comment pourrions-nous entrer dans des considérations aussi vastes, si nous n’avions sous les yeux les planches de Dalton, dont la haute utilité nous remplit sans cesse d’admiration ? Par quels éloges pourrions-nous exprimer notre gratitude, en voyant cette longue série de genres animaux, représentés avec une netteté et une fidélité minutieuses, une perfection et une rigueur d’exécution toujours croissantes. Grâce à cet ouvrage, nous ne sommes plus dans cet état plein d’incertitudes où nos premiers travaux nous avaient jeté, lorsque nous cherchions à comparer des squelettes entre eux, ou leurs parties entre elles. Tout en les observant plus ou moins rapidement dans nos voyages, et même en les étudiant à loisir, après les avoir rangés systématiquement autour de nous, nous sentions que nos efforts étaient vains et insuffisants pour arriver à une solution générale.

Il dépend de nous maintenant de disposer des séries aussi longues que nous le voudrons, de comparer les caractères analogues ou contradictoires, de mesurer la portée de nos vues, et de vérifier la justesse de nos jugements et de nos combinaisons, autant du moins qu’il a été donné à l’homme d’être d’accord avec lui-même et avec la nature.