Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
COMPARÉE.

gie, plus la vie scientifique du monde sera florissante. Nous reviendrons sur ce sujet, mais seulement après avoir parlé des hommes qui, dans la dernière moitié du siècle précédent, ont suivi la voie dans laquelle nous sommes entré nous-même.

Pierre Camper était doué d’un esprit d’observation et de combinaison tout-à-fait remarquable ; il savait réfléchir sur ce qu’il avait vu, faire revivre ses découvertes en lui-même, leur donner une âme et vivifier ainsi ces méditations. Tout le monde a rendu justice à ses immenses mérites. Je rappellerai seulement son idée de l’angle facial qui permet de mesurer la saillie du front, enveloppe de l’organe intellectuel, et d’apprécier ainsi sa prédominance sur l’organisme, destiné aux fonctions purement animales.

Geoffroy lui rend ce magnifique témoignage dans une note de sa philosophie zoologique, p. 149. « C’était, dit-il, un esprit vaste aussi cultivé que réfléchi ; il avait sur les analogies des systèmes organiques un sentiment si vif et si profond, qu’il recherchait avec prédilection les cas extraordinaires. Il n’y voyait qu’un sujet de problèmes, qu’une occasion d’exercer sa sagacité ainsi employée à ramener les prétendues anomalies à la règle. » Que de choses on pourrait ajouter si l’on ne voulait se borner à des indications sommaires !

C’est ici le lieu d’observer que les naturalistes qui ont marché dans cette voie sont les premiers qui aient compris la puissance de la loi et de la règle. En n’étudiant que l’état normal des êtres, on se persuade qu’ils doivent être ainsi, qu’ils l’ont été de tout temps et seront toujours stationnaires. Mais si nous apercevons des écarts, des anomalies, des monstruosités, alors nous ne tardons pas à entrevoir que la loi est fixe et invariable, mais qu’elle est vivante aussi ; que les êtres peuvent se transformer jusqu’à la difformité dans les limites qu’elle