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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/186

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ANATOMIE

en disant que le singe avait un os intermaxillaire supérieur qui manquait chez l’homme. Je ne saurais dire combien il me fut pénible de me trouver en opposition avec un homme auquel je devais tant, dont je tâchais de me rapprocher pour me proclamer son élève et apprendre tout de lui. Ceux qui chercheraient à se faire une idée de mon travail le trouveront dans le tome xv des Actes de Bonn[1]. Dans ce dernier recueil on retrouvera le mémoire, accompagné de planches qui représentent les diverses modifications que subît cet os chez les différents animaux ; long-temps les dessins d’après lesquels on les a exécutées sont restés enfouis dans mes cartons, et ils y seraient encore sans la bienveillance avec laquelle ce petit travail fut reçu.

Mais avant d’ouvrir ce volume, le lecteur me permettra de lui soumettre une réflexion, un aveu qui, pour être sans conséquence, pourra néanmoins être utile à nos descendants : c’est que, non seulement dans la jeunesse^ mais encore dans l’âge mur, l’homme qui a conçu une idée féconde et rationnelle, éprouve le besoin de la faire connaître, et de voir les autres entrer dans ses vues.

Je ne sentis donc pas que je manquais complétement de tact, lorsque j’eus la naïveté d’envoyer mon mémoire traduit en latin et accompagné de dessins en partie achevés, en partie esquissés, à Pierre Camper lui-même. Il me fit une longue réponse pleine de bienveillance et d’éloges sur mon zèle anatomique. Sans critiquer précisément les dessins, il me donnait quelques conseils sur la manière de les rendre plus fidèles. Surpris de l’exécution de ce petit opuscule, il me demanda si je voulais le faire imprimer, me fit connaître les difficultés que je rencontrerais pour la gravure des planches, et m’ap-

  1. Voy. p. 79 du présent volume.