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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/194

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ANATOMIE

lation. Les parties terminales diminuent en nombre, il est vrai ; mais les postérieures conservent leurs rapports. M. Geoffroy a parfaitement compris, et a proclamé avec raison ce grand principe d’ostéologie comparée, savoir : que c’est dans les limites de son voisinage qu’on retrouvera le plus sûrement les traces d’un os qui semble se dérober à nos yeux. Il s’est pénétré d’une autre grande vérité, que nous devons énoncer ici : c’est que la prévoyante nature s’est fixé un budget, un état de dépenses bien arrêté. Dans les chapitres particuliers, elle agit arbitrairement, mais la somme générale reste toujours la même ; de sorte que, si elle dépense trop d’un côté, elle retranche de l’autre[1].

Ces deux principes, dont les savants allemands, de leur côté, avaient reconnu la justesse, ont été, entre les mains de M. Geoffroy, des guides sûrs qui ne l’ont jamais égaré dans tout le cours de sa carrière scientifique. Grâce à eux, on n’aura plus besoin de recourir à la pitoyable ressource des causes finales.

Les exemples précédents sont aussi suffisants pour prouver que nous ne devons négliger aucune des manifestations de l’organisme, si nous voulons pénétrer, par l’examen des apparences extérieures, dans la nature intime des choses.

On a pu voir par ce qui précède, que Geoffroy a considéré les choses d’un point de vue tout-à-fait élevé ; malheureusement sa langue ne lui fournit pas, dans beaucoup de cas, l’expression propre ; et, comme son adversaire se trouve dans le même cas, il en résulte de l’obscurité et de la confusion. Nous allons tâcher de faire apprécier l’importance de ce fait, et profiter de l’occasion pour démontrer qu’un mot impropre peut, dans la bouche des hommes, même les plus distingués,

  1. Voyez la note 3.