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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/193

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COMPARÉE.

duire des êtres semblables à eux, mais le moteur nécessaire à l’accroissement de ces deux grands actes, continue toujours à fonctionner même sans nécessité ; voilà pourquoi les rongeurs, quand ils sont rassasiés, commencent à détruire ; et cette tendance se manifeste enfin dans le castor, par la création de quelque chose d’analogue aux constructions raisonnées de l’homme. Nous nous arrêtons de peur d’aller trop loin. Pour nous résumer en peu de mots : plus l’animal se sent destiné à la station et à la progression, plus le radius augmente de volume en s’appropriant une partie de la masse du cubitus dont le corps finit par disparaître complétement ; l’olécrâne reste seul à cause de la part considérable qu’il prend à l’articulation du coude[1]. Qu’on parcoure les planches de Dalton, et l’on reconnaîtra que dans une partie ou dans l’autre, l’organe, dont l’existence se manifeste par la forme, se traduit fidèlement par la fonction.

Examinons maintenant les cas où nous trouverons une trace suffisante de l’organe, quoique la fonction ait disparu ; cette considération nous permettra de pénétrer par une autre porte dans les secrets de la nature. Contemplez les planches de Dalton qui représentent les oiseaux de la tribu des brévipennes, et vous verrez combien, à partir de l’autruche pour arriver au casoar de la Nouvelle-Hollande, l’avant-bras se raccourcit, se réduit et se simplifie peu à peu ; cet organe essentiel et caractéristique de l’homme et de l’oiseau avorte au point qu’on pourrait le prendre pour une difformité accidentelle, si on n’y reconnaissait les différentes parties qui composent le membre antérieur. Cette analogie ne saurait être méconnue ni dans leur étendue, ni dans leur forme, ni dans leurs modes d’articu-

  1. Voyez la note 8.