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ANATOMIE

tistes, ils ne composeront pas leurs ouvrages, mais ils développeront l’image ou le sentiment qu’ils ont conçu, en suivant les inspirations de la nature et de l’art. Ce mot rabaisse la dignité l’un et de l’autre. Les organes ne se combinent pas, ne se réunissent pas, comme des objets finis et achevés séparément ; ils se développent l’un de l’autre en se modifiant, pour former un entité, qui tend nécessairement à constituer un tout. On peut parler, à propos de cette création, de fonction, de forme, de couleur, de dimensions, de masse, de poids et d’autres propriétés ; cela est permis à l’observateur qui cherche la vérité : mais tout ce qui est vivant se développe, se propage, puis chancelle, et arrive enfin au dernier terme, la mort.

Embranchement est aussi un mot technique emprunté aux arts mécaniques ; il se dit des poutres qui sont ajustées ensemble. On l’emploie dans une acception plus positive pour indiquer la division d’une route en plusieurs autres.

Nous croyons reconnaître ici, dans l’ensemble et dans les détails, l’influence de cette époque où la nation était livrée au sensualisme, et habituée à se servir d’expressions matérielles et mécaniques. Suffisants pour les besoins du langage usuel, dans lequel ils se sont perpétués, ces mots ne sauraient rendre les idées relevées conçues par des hommes de génie, ni répondre aux exigences d’une discussion métaphysique.

Encore un exemple : le mot plan sert à exprimer que les matériaux se disposent suivant un ordre combiné d’avance ; mais ce mot rappelle à l’instant l’idée d’une maison, d’une ville dont la disposition, quelque admirable qu’elle soit, ne saurait se comparer, en aucune manière, à celle d’un être organisé. Toutefois les Français tirent leurs termes de comparaison des bâtiments