Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
BOTANIQUE.

breuses de conifères d’un vert sombre, exhalant une odeur balsamique, des bouquets de hêtres dont l’aspect réjouissait la vue, des bouleaux élancés et des arbrisseaux innombrables, occupaient chacun la station où ils s’étaient cantonnés. Ce spectacle s’offrait à nous dans des forêts plus ou moins bien aménagées, qui s’étendaient sur une étendue de plusieurs lieues carrées.

Puisqu’il était question d’exploitation, il fallait bien prendre connaissance des qualités de chaque espèce de bois. À propos des incisions pratiquées aux arbres résineux, on s’entretenait de ces sucs balsamiques, répandus de la racine au sommet, qui entretiennent souvent pendant deux cents ans la vie et la verdure éternelle de ces arbres.

La famille des mousses se montrait ici dans sa plus grande diversité. Notre attention se tourna même du côté des racines cachées sous la terre, et voici pourquoi. Depuis les temps les plus reculés, il existait dans ces forêts des herboristes possesseurs de recettes mystérieuses. De père en fils ils préparaient des extraits et des esprits, dont la réputation thérapeutique s’était étendue au loin, grâce à des charlatans qui savaient en tirer profit. Les gentianes jouaient ici un grand rôle, et la détermination des formes diverses de la plante et de la fleur dans les nombreuses espèces de ce genre, devint pour nous une occupation pleine de charme ; sa racine salutaire n’était pas oubliée. Ce genre est le premier qui m’ait séduit, et le seul dont je me sois efforcé par la suite de connaître les espèces.

Il est bon de remarquer combien l’histoire de mon éducation botanique ressemble à celle de la Botanique elle-même. Des apparences extérieures et générales qui frappent tous les jeux, je passai à l’application, à l’utile ; la nécessité m’avait forcé d’apprendre. Quel est le botaniste qui ne reconnaît ici en souriant le caractère de