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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/221

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BOTANIQUE.

présentant la série de ces transformations, et je me chargeai de plusieurs grands cartons pour emporter cette trouvaille. Je les ai encore sous les yeux tels que je les recueillis alors, et je les vénère comme des fétiches qui, en éveillant et fixant mon attention, m’ont fait entrevoir les heureux résultats que je pouvais attendre de mes travaux.

La variabilité des formes végétales que j’avais suivies dans leur marche, me confirmait dans cette idée, que ces formes qui nous frappent ne sont point irrévocablement déterminées d’avance, mais qu’elles joignent à une fixité originelle, générique et spécifique, une souplesse et une heureuse mobilité qui leur permettent de se plier, en se modifiant, à toutes les conditions variées que présente la surface du globe.

C’est ici qu’il faut tenir compte des diversités du sol. Hypertrophiés dans la plaine sous l’influence d’une nutrition surabondante, rabougris dans une station sèche et élevée, protégés contre la chaleur ou le froid, ou bien exposés à leur action, les genres se transforment en espèces, les espèces en variétés, et celles-ci se modifient à l’infini par l’action de certains agents. Et cependant la plante reste toujours plante, quand même elle incline çà et là vers la pierre brute ou vers une vitalité plus relevée. Les espèces les plus éloignées conservent un air de famille qui permet toujours de les comparer ensemble.

Comme on peut les comprendre toutes dans une notion commune, je me persuadai de plus en plus que cette conception pouvait être rendue plus sensible, et cette idée se présentait à mes yeux sous la forme visible d’une plante unique, type idéal de toutes les autres. Je suivis les diverses formes dans leurs transmutations, et à mon arrivée en Sicile, terme de mon voyage, l’iden-