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BOTANIQUE.

tité primitive de toutes les parties végétales était pour moi un fait démontré dont je cherchais à rassembler et à vérifier les preuves.

Il en résulta un goût passionné pour la botanique qui ne me quitta pas au milieu des occupations forcées et volontaires qui m’absorbèrent à mon retour. Quiconque a ressenti le pouvoir d’une pensée féconde, soit qu’il l’ait conçue lui-même, soit qu’elle lui ait été communiquée par d’autres, conviendra qu’elle excite dans notre âme des mouvements véritablement passionnés ; on se sent inspiré, parce que l’on prévoit, dans leur ensemble, les développements dont elle sera le germe et les conséquences qui seront la suite de ces développements. On concevra donc aisément que cette idée devenue dominante et pressante comme une passion, m’ait occupé sans relâche pendant tout le cours de ma vie.

Cependant, quelque vif que fut le goût qui s’était emparé de moi, je ne pus me livrer à aucune étude suivie pendant tout le temps de mon séjour à Rome. La poésie, l’art et l’antiquité réclamaient tour à tour mon activité tout entière, et je n’ai jamais passé dans ma vie des jours plus remplis d’occupations pénibles et fatigantes. Les gens du métier me trouveront peut-être bien candide si j’avoue que tous les jours, dans les jardins, à la promenade, dans de petites parties de plaisir, je ramassais toutes les plantes que je voyais. C’était à l’époque de la maturité des graines, et il était important pour moi d’examiner comment elles germent lorsqu’on les confie à la terre. Ainsi je suivis avec attention la germination du Cactus opuntia, qui est un végétal tout-à-fait difforme, et je reconnus avec joie qu’il commençait par porter tout bonnement deux cotylédons, et ne devenait difforme que dans la suite de son développement.