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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/225

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BOTANIQUE.

et peu de temps après mon arrivée, je le rédigeai pour le livrer à l’impression. Il parut en 1792, et j’avais l’intention de le faire suivre d’un commentaire accompagné des planches nécessaires. Mais le torrent de la vie qui m’entraînait, annula mes bonnes intentions.

Dans les pages précédentes, je me suis efforcé de faire voir comment j’ai été amené, poussé, pour ainsi dire, à m’occuper de botanique ; quelle direction j’avais donné à ces études, que je poursuivis par goût pendant un grand nombre d’années. Peut-être le lecteur ne pourra-t-il, malgré toute sa bienveillance, s’empêcher de me blâmer de ce que j’ai tant insisté sur de petits événements qui me sont personnels ; je dois donc déclarer ici que je l’ai fait à dessein, afin de pouvoir, après tant de détails, présenter quelque chose de général.

Depuis un demi-siècle et plus, je suis connu comme poëte dans mon pays et même à l’étranger, et on ne songe pas à me refuser ce talent. Mais ce qu’on ne sait pas aussi généralement, ce qu’on n’a pas suffisamment pris en considération, c’est que je me suis occupé sérieusement et longuement des phénomènes physiques et physiologiques de la nature, que j’avais observés en silence avec cette persévérance que la passion seule peut donner. Aussi, lorsque mon Essai sur l’intelligence des lois du développement de la plante, imprimé en allemand depuis quarante ans, fixa l’attention d’abord en Suisse, puis en France, on ne sut comment exprimer son étonnement de ce qu’un poëte, occupé ordinairement des phénomènes intellectuels qui sont du ressort du sentiment et de l’imagination, s’étant un instant détourné de sa route, avait fait en passant une découverte de cette importance.

C’est pour combattre cette fausse croyance que cet Avant-propos a été fait. Il est destiné à montrer que j’ai