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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/224

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BOTANIQUE.

qu’ils avaient atteint la hauteur d’un homme. Puissent-ils ne pas devenir à charge à leur propriétaire, et croître encore long-temps !

Tout ce qui précède a trait à la reproduction par graines. Le conseiller d’État Reifenstein attira mon attention sur celle qui se fait par boutures ; dans nos promenades, il arrachait çà et là une branche, et soutenait, avec une insistance qui allait jusqu’à la pédanterie, que toute branche fichée en terre devait nécessairement prendre racine. Il donnait en preuve le grand nombre de ces boutures qui avaient très bien pris racine dans son jardin. Combien ce mode de multiplication n’a-t-il pas acquis d’importance pour l’horticulteur commerçant, et combien je regrette que Reifenstein n’ait pas vécu assez long-temps pour être témoin des succès de sa méthode !

Un œillet qui s’était élevé à la hauteur d’un sous-arbrisseau rameux me frappa plus que tout le reste. On connaît la force vitale et reproductive de cette plante. Sur ses branches, un bourgeon touche l’autre, un nœud est enchâssé dans l’autre. Cette disposition s’était encore accrue sous l’influence d’une longue durée ; les bourgeons à l’état latent s’étaient développés autant que possible et au point que l’on voyait sortir du sein d’une fleur quatre petites fleurs parfaites.

Ne voyant aucun moyen de conserver cette merveille, je pris le parti de la dessiner, ce qui me força à me pénétrer plus profondément encore de l’idée fondamentale des métamorphoses. Mais j’étais malheureusement distrait par une foule d’occupations variées, et vers la fin de mon séjour à Rome, dont le terme approchait, je me trouvai de plus en plus fatigué et surchargé de besogne.

Pendant mon retour, je poursuivis la série de mes idées ; je composai en moi-même l’exposé de ma doctrine,