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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/267

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BOTANIQUE.

de tant d’observateurs et de penseurs qui ont surmonté bien des difficultés et détruit bien des préjugés. Une comparaison de sa théorie et des idées que nous avons émises nous mènerait trop loin. Le lecteur instruit y suppléera. Il faudrait d’ailleurs entrer dans des considérations qui manqueraient de clarté pour ceux qui n’ont pas encore réfléchi sur ce sujet. Contentons-nous donc de noter les circonstances qui empêchèrent Linnée d’aller jusqu’au bout de la carrière.

109.

C’est sur des arbres, plantes vivaces et des plus compliquées qu’il fit ses premières observations. Il remarqua qu’un arbre placé dans une caisse très grande et nourri avec profusion, poussait pendant plusieurs années des rameaux qui s’élevaient les uns sur les autres, tandis que le même arbre placé dans une caisse plus étroite se chargeait promptement de fleurs et de fruits. De là, le nom de prolepsis, anticipation, sous lequel il désigna ce phénomène, parce que la nature par les six pas progressifs qu’elle fait en avant semble anticiper sur six ans. Il appliqua principalement sa théorie aux bourgeons des arbres, sans s’inquiéter des plantes annuelles, sentant bien qu’elle cadrait beaucoup mieux avec les phénomènes des végétaux vivaces. Car, d’après sa doctrine, il faudrait admettre que toute plante annuelle est prédestinée par la nature à croître six ans ; mais qu’elle anticipe sur cet espace de temps par une floraison et une fructification prématurées, pour se faner aussitôt après.

110.

Nous avons, au contraire, suivi d’abord l’accroissement d’une plante annuelle ; puis nous en avons fait