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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/274

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ADDITIONS.


Incident heureux.

(1817.)

Les plus beaux moments de ma vie sont ceux que j’ai consacrés à l’étude de la métamorphose des plantes ; l’idée de leurs transformations graduelles anima mon séjour de Naples et de Sicile ; cette manière d’envisager le règne végétal me séduisait chaque jour davantage, et dans toutes mes promenades je m’efforçais d’en trouver de nouveaux exemples. Mais ces agréables occupations ont acquis une valeur inestimable à mes yeux depuis que je leur dois l’une des plus belles liaisons que mon heureuse étoile m’ait réservées. Elles me valurent l’amitié de Schiller, et firent cesser la mésintelligence qui nous avait long-temps séparés.

À mon retour d’Italie, où mes idées artistiques avaient acquis une pureté et une netteté nouvelles, je ne m’étais nullement inquiété de ce qui s’était passé en Allemagne pendant mon absence, et je trouvai généralement admirés et imités des écrits poétiques qui de tout temps m’avaient été fort antipathiques : c’étaient, par exemple, l’Ardingbello de Heinse et les Brigands de Schiller. Je haïssais ce dernier, parce qu’il cherchait à relever et à anoblir par l’art, le matérialisme des sens et des idées les plus excentriques ; l’autre, parce que, doué d’un talent énergique, mais sans maturité, il avait répandu à flots sur l’Allemagne ce torrent de paradoxes sociaux et dramatiques dont je m’efforçais d’arrêter le cours.

Je n’en voulais pas à ces poëtes éminents ; car l’homme