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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/288

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BOTANIQUE.

voie nouvelle dans la science, j’aurais souhaité que les savants vinssent à ma rencontre ; car je tenais fort peu à m’établir dans un endroit ou dans l’autre ; j’aurais voulu traverser aussi vite que possible ces régions en m’éclairant et en m’instruisant en chemin. Mais, comme tout ne réussissait pas à mon gré, je restai fidèle à mes premiers projets ; je ramassai des plantes que je dessinais ; les plus remarquables étaient conservées dans l’alcool ; je fis faire des dessins et graver des planches. Tout cela devait servir à la continuation de mon travail. Je voulais établir d’une manière incontestable la réalité du phénomène capital, et faire voir de combien d’applications mon principe était susceptible. Mais je fus entraîné à l’improviste dans le tourbillon de la vie active. Je suivis mon prince, avec l’armée prussienne, en Silésie, en Champagne et au siége de Mayence. Ces trois années furent très favorables à mon développement scientifique. Je vis les phénomènes naturels en plein air, et n’eus pas besoin de faire pénétrer un rayon de soleil par le trou d’un volet, pour savoir que le mélange du clair et de l’obscur produit les couleurs. Je ressentis à peine les ennuis inséparables d’une longue campagne, lorsque l’idée du danger ne vient pas animer l’existence. J’observais continuellement, et je consignais toutes mes observations sur le papier. J’avais heureusement auprès de moi, qui suis si paresseux pour écrire, un bon génie qui déjà tenait la plume à Carlsbad et auparavant.

N’ayant aucune occasion de consulter les livres, je mis les exemplaires de mon opuscule à profit pour prier ceux de mes savants amis que ce sujet intéressait, de noter tout ce qu’ils trouveraient dans leurs lectures qui fût relatif à ce sujet ; car j’étais convaincu depuis long-temps qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et qu’on trouve presque toujours indiqué dans les traditions