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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/307

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BOTANIQUE.

détail, dont les derniers numéros du Botanical Magazine de Curtis nous offrent des exemples frappants.


Lorsque la tige se divise, lorsque le nombre de ses angles se multiplie, lorsqu’elle s’élargit, se fascie en un mot (Jaeger, p. 9–20), on peut affirmer que ces trois phénomènes prouvent que, dans les productions organiques, plusieurs parties analogues peuvent se développer parallèlement les unes à côté des autres : elles indiquent une multiplicité dans l’unité.

Chaque feuille, chaque bourgeon a le droit de devenir un arbre ; la force prédominante de la tige ou du tronc les retient seule. On ne se rappelle jamais assez que toute organisation renferme plus d’un élément vital ; si nous examinons la tige, nous voyons qu’elle est ordinairement ronde, et elle doit être considérée comme telle en procédant de dedans en dehors. C’est parce qu’elle est ronde, qu’elle tient écartées, dans son unité, les unités des feuilles et des bourgeons, et les laisse monter dans un ordre déterminé et avec un développement successif jusqu’à l’état de fleur et de fruit. Si une telle entélechie végétale[1] est arrêtée ou détruite, le milieu perd sa force prédominante, la périphérie se rapproche du centre, et chaque organe isolé exerce ses droits individuels.

Ce phénomène s’observe souvent sur la plante nommée Couronne impériale (Fritillaria imperialis) : sa tige aplatie, très élargie, semble composée de tubes minces rapprochés en faisceaux. Des arbres, les frênes en particulier, le présentent quelquefois, mais leurs

  1. Ἐντελέχεια est un mot employé par Aristote ; il veut dire le résultat d’une action, une action en tant qu’elle est achevée : l’expression de Goethe est presque synonyme d’action vitale, c’est l’action vitale exerçant son pouvoir.