Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
BOTANIQUE.

en même temps qu’ils les utilisent assez souvent pour multiplier certaines espèces.

Si nous examinons les changements de forme de la racine, nous verrons qu’au lieu d’être ramifiée, elle se gonfle quelquefois, et prend la forme d’une carotte ou d’un tubercule[1]. Ceux-ci sont des racines tuméfiées formant un tout absolu et portant des germes nombreux à leur surface (33). Telles sont les pommes de terre, dont les modes variés de multiplication tiennent à l’identité de toutes les parties ; les tiges et les branches poussent des racines lorsqu’on les met en terre, et la plante peut ainsi se propager à l’infini. Nous avons observé un cas de ce genre fort intéressant. Un pied de pomme de terre avait poussé au milieu d’autres légumes, ses branches se couchèrent sur le sol, et restèrent ainsi abritées par les feuilles dans une atmosphère humide. En automne, les tiges se renflèrent et formèrent de petites pommes de terre allongées, au sommet desquelles on observait une couronne de feuilles.

Le chou-rave nous présente de même une tige, renflée, organe préparatoire sur lequel la fleur se développe immédiatement ; et dans l’ananas, la tige est un organe achevé, fructifère.

Sous l’influence d’une nourriture plus abondante, une plante acaule devient caulescente. Au milieu des pierres, sur des rochers calcaires exposés au soleil, la Carlina justifie complètement son épithète acaulis ; sur un sol moins compact, elle commence à s’élever ; et dans une bonne terre on ne la reconnaît plus, tant sa tige est haute : on la nomme alors Carlina acaulis, caulescens. C’est ainsi que la nature nous force de varier nos dénominations, et de les plier à ses libres allures. Il faut aussi reconnaître, à l’honneur de la botanique, que sa terminologie se prête à toutes les exigences de

  1. Voy. Pl. III.