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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/313

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BOTANIQUE.

conduire au but, et nous éviter les tâtonnements d’une observation consciencieuse mais privée de guide. Il n’est point de naturaliste allemand qui n’ait déjà nommé, sans hésiter, l’honorable président de l’Académie des Curieux de la nature, Nées d’Esenbeck. Le premier, il a apprécié des phénomènes presque invisibles, qu’une sagacité comme la sienne pouvait seule reconnaître ; il a montré qu’il existait deux modes de vitalité engendrés l’un par l’autre, et fait voir par des exemples pris dans des genres fort éloignés comment il fallait procéder dans la distinction des espèces qui se développent successivement l’une de l’autre. Son génie, ses connaissances, son talent, sa position scientifique, tout l’appelle au grand rôle de législateur.

Qu’il célèbre avec nous le triomphe de la métamorphose, qu’il prouve que le tout se divise et se transforme en familles, les familles en genres, les genres en espèces, celles-ci en variétés, jusqu’à ce que nous arrivions enfin à l’individu. Ce travail de la nature va à l’infini ; mais tout ce qu’elle a créé ne s’est point maintenu, puisque nous possédons des restes irrécusables d’êtres organisés qui n’ont pas pu se propager par voie de génération. Les plantes qui se développent de graines sont différentes entre elles, les rapports de leurs parties ne sont pas les mêmes, ainsi que l’ont constaté des observateurs attentifs auxquels de nouvelles découvertes sont encore réservées.

Combien ne faut-il pas être pénétré de l’importance de ces considérations lorsqu’on veut s’occuper des limites des familles naturelles, car là se trouve le point de contact de la forme normale et de la monstruosité. Qui pourrait nous critiquer si nous prétendons que les Orchidées sont des Liliacées monstrueuses ?