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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/32

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INTRODUCTION.

mot, il fait abstraction de la mobilité des parties, il admet que le tout qui résulte de l’assemblage de celles qui se conviennent, porte un caractère invariable et absolu.

Mais, si nous examinons toutes les formes, et en particulier les formes organiques, nous trouvons bientôt qu’il n’y a rien de fixe, d’immobile, ni d’absolu, mais que toutes sont entraînées par un mouvement continuel ; voilà pourquoi notre langue a le mot formation (Bildung), qui se dit aussi bien de ce qui a été déjà produit que de ce qui le sera par la suite.

Ainsi donc, si nous voulons créer une Morphologie, nous ne devons point parler de forme ; et si nous employons ce mot, il ne sera pour nous que le représentant d’une notion, d’une idée, ou d’un phénomène réalisé et existant seulement pour le moment.

Ce qui vient d’être formé se transforme à l’instant, et pour avoir une idée vivante et vraie de la nature, nous devons la considérer comme toujours mobile et changeante, en prenant pour exemple la manière dont elle procède avec nous-mêmes.

Si, à l’aide du scalpel nous séparons un corps en ses différentes parties, et celles-ci de nouveau en leurs parties composantes, nous arrivons enfin aux éléments qu’on a désignés sous le nom de parties similaires. Ce n’est pas de celles-ci qu’il sera question ici ; nous voulons au contraire attirer l’attention sur une loi plus élevée de l’organisation que nous formulons de la manière suivante :

Tout être vivant n’est pas une unité, mais une pluralité ; même alors qu’il nous apparaît sous la forme d’un individu, il est une réunion d’êtres vivants et existants par eux-mêmes, identiques au fond, mais qui peuvent en apparence être identiques ou semblables, différents ou dissemblables. Tantôt ces êtres sont réunis dès l’ori-